Nous voilà revenues de quatre jours d’expédition créatrice au cœur du Québec. L’équipe de Nous, les femmes est partie lundi dernier pour faire le montage de la superbe salle des Bois-Francs, au complexe Sacré-Cœur de Victoriaville. Dix-neuf femmes des centres de Victoriaville, Bécancour et Louiseville ont accepté notre invitation lancée au printemps dernier : deux jours intensifs d’atelier, où nous avons réfléchi par les moyens de l’art à notre vieillissement.
Afin de laisser des traces de nos explorations, nous avons tourné des images pour notre film documentaire. Un thème central nous reliait, tel un sentier à multiple embranchements dans une forêt d’imaginaires réflexifs : notre rapport aux transformations physiques au gré des âges, les sens des traces inscrites sur et dans notre corps au fil de notre vie. Au-delà des contraintes et des stéréotypes âgistes, y compris ceux que nous avons intériorisés, trouver des sens nouveaux, plus profonds, plus inspirants. Accueillir l’ombre et la lumière. Embrasser la beauté qui s’incarne dans tous nos âges, apprendre à nous regarder, à nous voir, avec d’autres yeux.
Pour cette dernière rencontre de groupe, en plus de l’équipe film composée de la réalisatrice Martine Gignac et la preneure son Joëlle Gauvin-Racine, l’équipe Nous les femmes était composée de Thérèse Cloutier, Suzanne Boisvert et – afin de boucler la boucle – Diane Trépanière, revenue pour l’occasion. Et une occasion rêvée puisqu’au centre de nos explorations, nous voulions justement travailler la photographie, devenir l’auteure de notre image.
Entre l’atelier, l’open studio, les cercles de partages, les cessions de shooting photographiques, les échanges conviviaux durant les dîners, le tournage documentaire, ces jours ont été comme une croisière sur des eaux tantôt calmes comme des miroirs, tantôt tumultueuses par les émotions vives, tantôt cascadantes de rires, de joies profondes, de complicités sans âge, de sentiments de sororité ravigotant le cœur !
Comment vous décrire l’intensité qui s’est vécue durant ces deux jours ? Essayez d’imaginer 24 femmes de 25 ans à 80 ans, qui se regardent en gros plan, se touchent, se racontent, se mettent en équipe de trois ou quatre pour dessiner, écrire, photographier mains, pieds, visages, profils, rides, yeux, bouches, corps en mouvements… deux jours où « œuvres d’âme » riment avec « œuvres d’art ».
Nous avons voulu créer une grande mosaïque des âges avec ce projet d’art en communauté, cette grande traversée du Québec entamée dès 2009… et pour notre dernière, c’est comme si les mille femmes rencontrées en tournée veillaient sur nos travaux ! Je les sentais danser dans mon cœur en tout cas !
Vous retrouverez bientôt des images captées durant les deux jours, des portraits, des extraits de film et des textes sur notre blogue, dans la section Inspirations. D’ici là, voici un diaporama pour vous mettre vous aussi dans l’atmosphère de beauté pure qui régnait cette semaine à Victoriaville.
Merci à vous toutes, comadres au cœur du Québec ! Notre gratitude infinie pour votre générosité, votre ouverture, votre inspirante présence. Par votre singularité et dans votre façon d’être ensemble, vous avez su relever un grand défi… et savoir que vous voulez poursuivre la démarche dans vos centres est le plus beau cadeau pour Nous, les femmes… pour tout le Québec !
En ce qui concerne le tournage du documentaire : nous achevons bientôt à Montréal, avec quelques scènes supplémentaires et des entrevues. Puis le travail entrera dans la phase de post-production dès janvier…
À suivre !
7 décembre 2013
Notre tournage à Victoriaville en photos !
Dans l’éclosion de ce dire exprimé depuis quatre ans, un pincement s’accroche à mon coeur. Je sens la fin. La fin d’une aventure exceptionnelle.
Comme la mère doit mettre son enfant au monde pour voir ses yeux, pour caresser sa peau, pour tomber en amour avec son sourire.
Dans mon cœur, ce n’est que la fin d’une tournée. Tant de femmes de tout âge ont été touchées, éveillées, sensibilisées à la beauté du vieillissement avec ses ombres et ses lumières que je suis convaincue que nous avons laissé des traces. Nous avons semé à travers la province, à chacune de nourrir cette graine pour que des milliers de femmes se mettent debout. Chacune, nous sommes responsables de changer l’image de l’âgisme dans notre société. Vieillir est un cadeau, une expérience qui est vécue un jour à la fois, ici et maintenant. Chacune écrit son histoire, chacune laisse des traces avec sa vie. Vieillir, une histoire de transmission. Qu’est-ce que je veux transmettre? Bonne route!