Introduction

« En espagnol, COMADRE signifie à quelque chose près : je suis ta mère et en même temps tu es ma mère. Il sert à décrire une relation de grande proximité entre des femmes qui veillent les unes sur les autres, sont à l’écoute les unes des autres et s’apportent des enseignements mutuels. Et ce, d’une manière qui toujours inclut l’âme, et souvent l’évoque, quand elle ne s’adresse pas directement à elle » (La danse des grands-mères, Clarissa Pinkola Estés). Lors de notre tournée, nous nous désignions les unes les autres de telle façon.

L’aventure de NOUS, les femmes qu’on ne sait pas voir ne pourrait se conclure, pour nous qui vivons ce projet depuis ses débuts, sans tenter d’y inscrire l’expérience des femmes autochtones « qu’on ne sait pas voir », tout comme dans le titre de notre projet.

Au moment d’écrire ces lignes, en juin 2013, notre projet a quatre ans d’existence, dont trois années de tournée via le réseau de l’R des centres de femmes du Québec. Or, après avoir rencontré près de 1 000 femmes partout au Québec, seulement trois femmes d’origines autochtones se sont jointes à nous lors de nos rencontres. Nous avons constaté au gré des visites qu’il n’y a à peu près pas de liens entre les centres de femmes et les femmes des communautés autochtones. Et cela nous trouble au plus haut point.

Notre désir le plus cher serait de trouver ensemble comment nous pourrions échanger nos savoirs et nos expériences, nos rêves et nos actions. Comment explorer ensemble la question de l’âge, de l’inclusion intergénérationnelle et de la transmission.

Il nous semble essentiel de procéder patiemment et respectueusement, afin de définir ensemble la forme de cette collaboration. Depuis trop longtemps et encore trop souvent, des projets sont conçus sans consulter ou sans respecter les besoins, les façons de faire ou la richesse des traditions et des spécificités culturelles des peuples autochtones.

« Quand une parole est offerte, elle ne meurt jamais.
Ceux qui viendront l’entendront.

Menutakuaki aimun, apu nita nipumakak.
Tshika petamuat nikan tshe takushiniht. »

Joséphine Bacon,
Bâtons à message /Tshissinuatshitakana

 

À lire : Joséphine Bacon, poétesse innue et parolière de Chloé Sainte-Marie, nous fait cadeau de trois poèmes inédits : http://zonedecriture.radio-canada.ca/2012/11/trois-poemes-de-josephine-bacon.html

Une réponse à Introduction

  1. avatar Jeanne Champagne-Hubert dit :

    Je viens de visionner le film  »Nous les femmes qu’on ne sait pas voir!  ». Magistral!!! Émouvant et inspirant. Je n’ai qu’un regret, ne pas avoir participé aux ateliers!
    Je commence tout juste à travailler avec l’Écho des femmes sur un projet pour rejoindre les aînées de Rosemont la Petite Patrie….Quel beau défi!
    Antérieurement j’ai œuvré avec et pour des groupes communautaires…(Centre de ressources sur la non-violence, Naissance-Renaissance (pour la légalisation des sages-femmes, les maisons de naissances…, Média-Action pour l’image des filles et femmes dans les médias…) …et ai contribué à la mise sur pied d’une coop de logement dans une école recyclée, une école alternative…Tous de beaux projets avec des femmes et des hommes engagéEs à préserver la dignité de la nature humaine, les conditions sociales, économiques…

    Je suis la mère d’une fille et la mamie de 2 petites filles, 7 et 9 ans et je ne peux me reposer comme militante et résistante, il y a toujours plus à faire…pour les femmes et filles…et tous les êtres vivants de la planète bien mal en point.

    Je suis de plus en plus consciente et je vois, à 63 ans, combien le sexisme, tricoté à l’âgisme, devient une camisole de force invisible sur les esprits…Votre film et ce genre de démarche devient donc essentiels …Je souhaite que ça soit repris et perpétués ainsi que d’autres initiatives qui vont dans le même sens. Merci! Et prévenez-moi si d’autres ateliers sont offerts!
    Jeanne, alias Mamie Jeannot

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