Événement festif pour clore une grande aventure :
lancement de notre livre au restaurant Les Cabotins

Petit livre d’une grande conversation sur l’âge

Nous étions une soixantaine de femmes, hommes et enfants de tous les âges à braver la tempête printanière dimanche dernier, le 30 mars. Le désir de la fête était plus fort que les vents enneigés !

Ah ! Comment vous raconter cet après-midi d’émotions vives, de sororité, d’humanité, et osons le mot… d’amour !

Une danse des générations encore une fois qui réchauffe le cœur et, comme le soulignait si bien Nicole O’Bomsawin venue d’Odanak pour l’occasion, ce sont des moments de beauté comme ceux-là qui sauvent le monde !

Beauté, certes… dans les visages souriants franchissant les portes du restaurant. Beauté dans la chaleur de l’accueil et des retrouvailles. Beauté dans les plats préparés avec tant de soin par notre Cheffe invitée, Lysanne O’Bomsawin, avec l’assistance de Bertrand Lacour et son compère Denis… Beauté dans les textes lus lors de cet après-midi et beauté dans l’extrême attention portée aux mots virevoltant dans l’espace devenu poétique.

D’abord une présentation de Suzanne Boisvert, l’artiste responsable du projet depuis sa genèse, résumant les cinq années de Nous, les femmes qu’on ne sait pas voir, les raisons d’être de cette réflexion par l’art et la grande conversation sur l’âge entreprises en 2009 à La Marie Debout. La tournée de trois années à travers le Québec, plus de mille femmes de 17 à 97 ans explorant ensemble les sens profonds de leur avancée en âge, la force du vivre-ensemble intergénérationnel qui permet de découvrir des aspects nouveaux, souvent bien subversifs, au vieillissement. Nous sommes bien loin des clichés et des peurs entretenus par les médias…

Après avoir dégusté le plat principal, festin de nourritures terrestres (composés d’œufs de canard bénédictine, confits de perdrix, oignons aux canneberges et fromage cheddar sur muffin anglais, patates douces rissolées… un délice!), place au festin de mots, nourritures pour l’âme !

Huit femmes montent sur la petite scène pour former un chœur. Elles lisent des extraits du Petit livre d’une grande conversation sur l’âge. Florilège d’un florilège pourrions-nous dire, puisque le livre est constitué d’une partie seulement des messages et des réflexions des mille femmes rencontrées à travers le Québec. Le texte de l’octuor, conçu pour l’occasion en quatre parties distinctes, est ponctué entre chacun de ses mouvements par le son du tambour de Nicole O’Bomsawin, ses chants et ses paroles, comme le battement du coeur, la pulsation de la Terre-Mère, la rivière des Premiers Peuples qui coule dans nos veines. Un rappel nécessaire, émouvant de l’Ancêtre.

Thuy Aurélie Nguyen vient ensuite nous lire le texte qu’elle a écrit lors du passage de Nous, les femmes à Rimouski en 2011. Elle témoigne avec délicatesse et émotion de son expérience : Vieillir, c’est faire tomber les masques. C’est quitter l’enfant, la petite fille qui ne voulait pas grandir. C’est quitter sa peau d’ange et prendre des hanches de femme. Vieillir, c’est sortir, aller dans le monde pour goûter les odeurs, les peaux de différentes couleurs, les histoires venues d’ailleurs. Vieillir, c’est m’élargir à l’univers, curieuse et légère. Vieillir, c’est devenir mère au cœur de l’hiver.

Nicole O’Bomsawin enchaîne avec chants et conte autochtones, l’héroïne de son histoire prenant aujourd’hui le prénom de sa petite-fille Sogalie, présente elle aussi aux Cabotins et gambadant joyeusement tout au long de la prestation de sa kokom !

Puis, la grande poète innue Joséphine Bacon nous offre quelques extraits de ses recueils Bâtons à message et Un thé dans la toundra : Ton pas léger soulève l’espoir un chant se fige dans ta mémoire tu deviens l’ancêtre de tes ancêtres tes cheveux blancs racontent tant de récits, tant de parcours… Oh bonheur que d’entendre la voix incomparable de madame Bacon s’entrelacer aux nôtres !

Pénélope Guay vient ensuite nous raconter MISSINAK, le rêve puis la création de la maison communautaire à Charlesbourg, l’acquisition de la merveilleuse terre de guérison à St-Tite-des-Caps. Elle nous parle de l’importance des liens, des ponts à bâtir entre nos communautés, pour plus de paix, plus de cœur conscient dans nos vies. Pénélope nous fait la lecture vibrante d’un texte écrit par Patric Saucier lors d’un spectacle d’autofinancement en 2008, le Mishta Amun – Le Grand Rassemblement : Ma mère était tortue « Missinak » en langue innue une tortue comme moi comme ma fille une Missinak vieille comme la terre qui pond la vie depuis ses tout débuts (…) Une Missinak ronde comme la vie une Missinak millénaire qui me rappelle d’où je viens. Qui dit à sa fille : « Pars, parle, partage, portage; tête haute. Merci ma mère…

L’après-midi déjà très avancé se poursuit avec le dessert, de la bannique aux bleuets et sirop d’érable, arrosé d’un délicieux thé du Labrador. Dans cette atmosphère conviviale, des femmes témoignent de leurs expériences, de leurs relations à Nous, les femmes durant les cinq dernières années. Émouvantes prises de paroles des travailleuses de La Marie Debout, Fabienne Mathieu, Julie Drolet et Agathe Kissel, des deux autres artistes impliquées avec tant de cœur dans Nous, les femmes, Diane Trépanière et Johanne Chagnon (la maîtresse d’œuvre du livre). Les précieuses collaboratrices, cocréatrices et coanimatrices Thérèse Cloutier, Lise Gratton et Nicole Desaulniers témoignent de l’importance de ce grand projet dans leur vie. Julie Morin (venue d’Alma pour l’occasion), Louise Miller, Louise Bélanger, Lise Dugas parlent de l’effet Nous, les femmes

Nous avons retrouvé dimanche en condensé d’amour, de profondeur, de rires, d’esprit et d’âme toute la richesse de cette grande conversation sur l’âge… espace de découvertes et d’art où ombre et lumière architecturent un territoire tissé d’histoires de vie passionnantes. Nous voulions nous rendre visibles par ce projet. Rendre visible la grande diversité du vieillissement des femmes; la belle sororité aussi. Nous voulions semer des graines pour que le projet se poursuive, autrement. Une page se tourne, Nous, les femmes prend son envol sous d’autres formes, avec d’autres créatrices et d’autres comadres. Le mouvement se continue, notamment à Ville-Marie au Témiscamingue, où un groupe de femmes continuent de faire grandir la création et la réflexion. Le livre que nous avons lancé dimanche permettra également de faire grandir les réflexions à l’intérieur et à l’extérieur des centres de femmes… le film documentaire inspiré de Nous, les femmes sortira sous peu et rejoindra aussi d’autres cercles… Le site web, le blogue et la page Facebook permettront également de poursuivre la conversation, et nous vous invitons à y contribuer.

Toute notre gratitude à chacune et chacun d’entre vous, belles âmes présentes dimanche dernier. Nous ne pouvions espérer plus belle façon de marquer la fin de cette partie de notre aventure !

Crédits pour les photos : Martine Gignac et Lise Dugas.
 

7 avril 2014

Lancement de notre livre au restaurant Les Cabotins

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